Vous êtes ici : Home » berlin en bref » architecture » architecture apres guerre
Le tribut payé par Berlin lors de la seconde guerre mondiale fut particulièrement lourd : près de 43% des immeubles furent détruits. La reconstruction commença immédiatement avec un fil directeur commun entre les deux secteurs de la ville, qui privilégiait l'habitat neuf et prônait la distinction entre les lieux d'habitation et de travail. De grands ensembles furent construits à la périphérie : Gropiusstadt (1962-1972) et le Märkisches Viertel (1963-1974).
Ce n'est qu'à partir des années 60 que le patrimoine architectural commençait à être valorisé dans le secteur ouest : Mietskaserne et immeubles de la fin du XIXe commencèrent à être réhabilités. Cette prise de conscience fut beaucoup plus tardive à l'Est, en raison des dogmes idéologiques des responsables politiques. Il fallut attendre les préparatifs du 750e anniversaire de la ville en 1987.
En mai 1945, la majeure partie des hommes valides se trouvait dans les camps de prisonniers alliés ; Berlin trouva son salut grâce aux femmes, surnommées Trümmerfrauen qui entreprirent les premiers déblayements et les premières constructions.
Hans Scharoun, désigné chef des Services de l'Urbanisme en 1946, conçut les premiers plans directeurs de la reconstruction de Berlin, tous secteurs confondus. Très vite, la reconstruction de Berlin prit un caractère idéologique avec la confrontation de deux blocs. Hans Scharoun dut mettre fin à ses fonctions dès lors que la ville semblait vouée à la division pour se voir confier ultérieurement les projets d'aménagement du Kulturforum à Berlin-Ouest. A l'ouest, les autorités firent du Kurfürstendamm, avec l'Europa-Center en guise de figure de proue, la vitrine du capitalisme.
Même si le secteur oriental hérita de la majeure partie des monuments historiques, le régime de Pankow souhaitait faire table rase de l'héritage prussien. Berlin-Est devait devenir une capitale selon le modèle socialiste : le château de Berlin en partie détruit fut dynamité, l’académie d’architecture (Bauakademie) de Schinkel fit place au bâtiment médiocre du Ministère des Affaires étrangères de RDA. Hermann Henselmann, architecte en chef de Berlin-Est conçut l'avenue de prestige du régime, la Stalinallee (1953-1959), qui fut rebaptisée en Karl-Marx-Allee par la suite.
L'économie planifiée souffrait de nombreux dysfonctionnements d'approvisionnement en matériaux de construction. Les matériaux traditionnels étaient rares, les Baukombinate produisaient des panneaux préfabriqués à l'échelle industrielle. Les cités dortoirs pour ouvriers, surnommées Plattenbaus, envahirent le paysage urbain de la RDA, et de la périphérie de Berlin-Est, comme à Marzahn.
A l'occasion de l'Interbau 1957, un quartier modèle fut aménagé en bordure du parc du Tiergarten sévèrement touché par les destructions de la seconde guerre mondiale. L'Hansaviertel fut pensé comme un habitat urbain éparpillé dans un milieu naturel. A ce projet ambitieux, reprenant le concept de ville paysagère de Scharoun, participèrent les plus grands noms de l'architecture contemporaine : Niemeyer, Le Corbusier, Alvar Aalto ou encore Walter Gropius. Les Américains offrirent à la ville de Berlin-Ouest la Halle des Congrès, dénommée l’huître pleine (Schwangere Auster). Toujours dans le cadre de l'Interbau 1957, Le Corbusier construisit une nouvelle Unité d'Habitation (1956-1959) aux abords du Stade olympique.
Trente ans plus tard, l'IBA 1987, fut décidée par le Sénat de Berlin-Ouest pour corriger les erreurs de la reconstruction hâtive de l’après-guerre. Elle coïncida avec le 750e anniversaire de Berlin. Le groupe d'architectes, dirigé par Walter Hämer, appliqua un programme de réhabilitation et de construction, en vue d'améliorer les conditions de vie dans des quartiers spécifiques, Kreuzberg en particulier.
Berlin-Est connut alors un phénomène similaire. Les dirigeants souhaitaient rivaliser avec Berlin-Ouest et décidèrent un vaste plan de rénovation du patrimoine historique. Le Gendarmenmarkt fut alors rénové et le quartier médiéval de Saint-Nicolas (Nikolaiviertel) fut pour partie reconstruit ex nihilo.
Avec la division de la ville, Berlin-Ouest se trouva amputée de la majeure partie du noyau culturel et artistique de l'ancienne capitale du Reich.
Le centre commercial de l'Europa Center (1963-1965) conféra à Berlin Ouest de nouveaux points de repère. L'église du Souvenir de l’Empereur Guillaume (Kaiser Wilhelm Gedächtniskirche) devint le symbole de la partie occidentale de la ville. L'Eglise en ruine fut conservée et complétée par un campanile moderne (1957-1963) d’après les plans d'Egon Eiermann. L'ICC, Centre International des Congrès, (1973-1979) vint renforcer les capacités d'accueil de Berlin-Ouest en matière de foires et congrès de rang international.
A l'initiative des Alliés, de nouvelles facultés furent ouvertes dans le secteur occidental en raison de l’emprise soviétique sur l'Université de Humboldt (HU, Humboldt Universität). L'Université Libre (FU, Freie Universität) et l'Université Technique (TU, Technische Universität) vinrent s'établir à Berlin-Ouest à partir de 1948.
Les subventions fédérales contribuèrent à l'émergence d'un nouveau complexe culturel (Kulturforum) au sud du Tiergarten. Sous la conduite de Scharoun, la Philharmonie (1960-1963) et la Bibliothèque nationale (1967-1978) virent le jour. La Salle de concerts de musique de chambre (1984-1987) ne fut achevée qu'après sa mort par ses élèves. Fritz Bornemann construisit sur les cendres de la Städtische Oper, le nouvel opéra de Berlin Ouest (Deutsche Oper Berlin). Les archives du Bauhaus (Bauhausarchiv) vinrent compléter le Kulturforum en 1979, avec un ensemble érigé d'après les plans de Walter Gropius.