Topographie des Terrors

Le centre de documentation et d'information, Topographie des Terrors, consacré aux organes répressifs du régime nazi, occupe le site de l'ancien siège de la Gestapo. Il succède à une exposition permanente en plein air, qui relatait le lourd passé des lieux. Avec près de 900 000 visiteurs par an, l'exposition permanente Topographie de la terreur compte parmi les mémoriaux et musées les plus visités de Berlin.

L'épicentre de l'appareil répressif du IIIe Reich

Le QG de la Geheime Staatspolizei (Gestapo) prit ses quartiers à partir de 1933 dans les bâtiments de l'Ecole des Arts décoratifs (Kunstgewerbeschule), de la Prinz-Albrecht-Straße 8, devenue de nos jours la Niederkirchnerstraße. A proximité immédiate, le Prinz-Albrecht-Palais (n°102 de la Wilhelmstraße) abritait le siège central des services de sécurité de la SS (Zentrale des Sicherheitsdienstes - SD der SS) et l'Office central de la sécurité du Reich (RSHA Reichssicherheitshauptamtes). L'ancien Hotel Prinz Albrecht, au n°9 de la Prinz-Albrecht-Straße, devint à partir de 1934 le siège de la Reichsführers-SS.

Des ruines à l'oubli

Les bombardements alliés et les derniers combats d'avril 1945 anéantirent la plupart des bâtiments. Après guerre, les ruines furent rasées tandis que l'édification du mur de Berlin acheva de marginaliser ce lieu. La prise de conscience de l'importance historique du site n'intervint qu'en 1983. Le directeur de l'IBA (Internationale Bauausstellung), Josef Paul Kleihues, désigna alors ce périmètre sous le nom de Prinz-Albrecht-Gelände. La première exposition intitulée Topographie des Terrors se tint en 1987 à l'occasion du 750e anniversaire de Berlin. Elle fut complétée par la suite par un centre de recherche et de documentation sur les crimes perpétrés par les services du IIIe Reich.

Vers un lieu de mémoire permanent

Depuis 1992, l'association dirigée par l'historien et rabbin, Andreas Nachama, militait en faveur de la construction d'un édifice pouvant accueillir durablement l'exposition Topographie des Terrors. Il ne s'agit pourtant pas d'une idée récente car le projet de construire un musée à l'emplacement de l'ancien site de la Gestapo remontait à 1978. A cette époque, le critique d'art berlinois, Dieter Hoffmann-Axthelm, avait déjà souligné l'importance du périmètre délimité par les anciens quartiers généraux de la Geheime Staatspolizei, du SD et du RSHA.

Le projet maudit de Peter Zumthor

Le concours d'architecture du futur complexe de la Niederkirchenerstrasse fut remporté en 1993 par l'architecte suisse Peter Zumthor qui présenta le projet le plus spectaculaire. Les lignes directrices du concours prévoyaient des formes simples, délimitant le terrain vague laissé par les édifices disparus. Peter Zumthor prit en compte à la lettre cette contrainte en intégrant les installations provisoires de l'exposition dans son futur mémorial. L'édifice imaginé par Zumthor s'apparentait à un long parallélépipède, rythmé par des piliers de bétons ressérés, alternant ombre et lumière.

Le projet de Zumthor ne fut jamais achevé en raison de l'explosion des coûts de construction liés à la structure portante atypique de l'édifice, la faillite de l'entreprise de BTP en charge des travaux et du refus de la ville de Berlin de supporter seule les surcoûts. La ville de Berlin congédia Peter Zumthor en 2004 après lui avoir versé une indemnité. Ce dernier tenta en vain de s'opposer devant les tribunaux à la destruction des trois cages d'escalier en béton de son musée.

Le second concours d'architecture

La seconde consultation se tint en juin 2005. Des 309 architectes ayant participé au concours, 23 projets furent retenus par le jury qui finalement choisit le projet de l'architecte Ursula Wilms du cabinet Wischer und Partner. Le nouveau complexe fut inauguré le 8 mai 2010 à l'occasion du 65e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L'édifice de verre recouvert d'une façade en lamelles métalliques dispose de deux niveaux au centre duquel se trouve un atrium. L'espace se partage entre expositions permanente et temporaires. Le sous-sol accueille une bibliothèque riche de 25 000 ouvrages, ainsi que des salles de conférence.

L'architecte paysager Heinz W. Hallmann fut quant à lui chargé d'intégrer et préserver les sous-sols des anciens édifices utilisés par le régime nazi. L'espace entourant le bâtiment est dépourvu de toute végétation, avec un revêtement comparable au ballast de chemin de fer.

L'exposition permanente

L'exposition Topographie des Terrors - Gestapo, SS und Reichssicherheitshauptamt in der Wilhelm- und Prinz-Albrecht-Straße est ouverte au public depuis le 7 Mai 2010. Déclinée en allemand et en anglais, elle s'attache à présenter l'instauration, le renforcement graduel et l'ensemble des crimes perpétrés par les institutions centrales de la SS et de la police sous le IIIe Reich. Elle n'omet pas de prendre en compte les différentes catégories de victimes réprimées et assassinées par le régime nazi.

Les thématiques abordées suivent un ordre chronologique : la Prise de pouvoir par les nazis, les Institutions de la terreur (SS et police), Terreur, traque et extermination dans les territoires du Reich, les Crimes de la SS et du Reichssicherheitshauptamt dans les territoires occupés, la Fin de la guerre et les procès pour crimes contre l'Humanité.

La couverture de chaque période s'appuie sur de riches fonds documentaires, notamment des bandes audios et vidéos, des photos et documents d'archives, des cartes et bornes interactives.

Berlin 1933–1945, entre propagande et terreur

L'exposé Berlin 1933–1945 : Zwischen Propaganda und Terror témoigne de la politique nazie à Berlin et de ses conséquences pour la capitale et ses habitants. Il traite successivement du Berlin de la République de Weimar, l'établissement de la dictature du Führer, Berlin et la Volksgemeinschaft, Berlin durant la Seconde Guerre mondiale et Berlin et les conséquences de la didacture nationale-socialiste.

L'exposition en plein air est ouverte du printemps à l'automne. Les panneaux d'information en verre, rédigés en allemand et en anglais, permet aux visiteurs d'observer les vestiges mis à jour par les fouilles.

Une visite guidée en 15 étapes du lieu historique Topographie de la Terreur

La visite avec un audio-guide des vestiges des services de sécurité du régime de nazi donne un aperçu de l'histoire des lieux, tant à l'époque du IIIe Reich qu'après la fin de la Seconde Guerre mondiale, tout en rappelant les prérogatives des institutions de la terreur nazie. La portion du Mur de Berlin, longeant la Niederkirchnerstraße, sépare le Mémorial Topographie des Terrors de l'ancien Ministère de l'Air du Reich (Reichsluftfahrtministerium).

La Fondation Topographie des Terrors

La Stiftung Topographie des Terrors assure un fonction de conseil et coordination au niveau fédéral et international auprès d'autres institutions impliquées dans la perpétuation du devoir de mémoire au sujet de l'Holocauste.

La bibliothèque

La bibliothèque de la Fondation Topographie des Terrors dispose d'un catalogue de 12 000 ouvrages, se concentrant sur les thématiques liées à la police, la SS, la Gestapo et le nazisme. Il est prévu d'enrichir le fonds documentaire jusqu'à 40 000 publications.

Les séminaires, conférences et visites guidées

La Fondation Topographie des Terrors organise des visites guidées gratuites le dimanche après-midi, des séminaires d'approfondissement pour différents publics (lycéens et étudiants), ainsi que des conférences régulières.

Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit

Le Camp de Schönweide, transformé en 2006 en Centre de Documentation, internait des prisionniers travaillant de force dans les entreprises de Berlin pour soutenir l'effort de guerre nazi. Berlin comptait près de 3000 structures similaires lors de la Seconde Guerre mondiale.

Le centre d'information inauguré à l'été 2006 fut aménagé dans les anciennes baraques du camp, transformées en salles d'exposition, conférence et bibliothèque. La baraque n° 13, ouverte au public en 2010, comporte un abri anti-aérien dont les parois portent encore les graffitis des anciens détenus et déportés.

Depuis le 8 mai 2013, l'exposition temporaire se consacre à six thématiques clefs : Le travail forcé au quotidien dans l'Allemagne de 1938 à 1945, Logique et logistique du travail forcé, 44 Reichsmarks pour les Allemands, 5 Reichsmarks pour les Russes, Les conditions de vie des détenus, La discipline par la terreur, Le traitement réservé aux détenus après 1945.